À la poursuite du destin
Départ de Lavaltrie
Depuis leur mariage, Rosalie et Jean-Marie ont vécu onze années de bonheur et de prospérité. Ils sont déjà les heureux parents de six beaux enfants; mais il faut songer à l’avenir. Ils s’inquiètent de devoir les laisser partir, dans quelques années, pour s’établir ailleurs, car à Lavaltrie il n’y a plus de terres disponibles. Ils se résignent donc à vendre leur propriété pour s’installer à Saint-Hyacinthe, là où toute expansion est possible. Le 29 septembre 1822, ils quittent leurs amis, leur église et traversent le fleuve remplis d’espoir en l’avenir.
Verchères, lieu de transition
La vente de leur propriété doit être payée par versements échelonnés sur trois ans. Ils devront donc attendre avant d’acquérir la ferme de leurs rêves. Ils s’installeront provisoirement à Verchères, où Rosalie a de la parenté. Un an plus tard, elle donnera naissance à un 7e enfant, un garçon qui ne survivra pas. C’est le premier d’une longue série de deuils qui jalonneront sa vie.
Saint-Hyacinthe, la fin d’un rêve
Enfin, en mars 1824, ils signent le contrat d’achat de la propriété qu’ils désirent depuis longtemps. Ce contrat ne mentionne malheureusement aucune date de prise de possession, de sorte qu’en arrivant à Saint-Hyacinthe, la famille se retrouve sans logis. Ils se réfugient dans une masure abandonnée, ouverte à tous les vents, où la pluie pénètre de toute part. Heureusement, un voisin ému de leur infortune leur offrira l’hospitalité jusqu’à ce qu’ils rentrent en possession de leur ferme. Les souvenirs des jours sombres s’estompent rapidement et ils rendent grâce à Dieu pour le bonheur présent. La vie leur sourit de nouveau et en juin 1825, ils feront baptiser leur 8e enfant, Marie Edwidge.
En octobre 1826, c’est la catastrophe! Grevée d’hypothèques, dont ils ignoraient l’existence, la terre est réclamée par les créanciers du vendeur malhonnête. Ils perdront tout.
Jean-Marie ressent cruellement cette faillite, Rosalie tente de l’encourager et lui propose de s’établir à Montréal, où vivent déjà quelques-uns de leurs parents. «Dieu l’a voulu ainsi, il faut nous résigner à sa sainte volonté; il ne nous abandonnera pas, il prendra soin de nous. Nous pouvons gagner notre vie partout ».